06/04/2021
* HEURE D'OR, QUELQUES MINUTES SUR TERRE *
Le jour se lève sur votre bébé. Vous avez réussi, la tête de votre enfant est passée par votre matrice, son corps s’apprête à se retourner et dans quelques secondes, cet événement auquel vous vous préparez depuis des mois, l’accouchement, prendra son point final, vous ferez la connaissance de votre enfant.
Une grande et puissante légende humaine voudrait que les femmes le reconnaisse tout de suite, ce bébé qui est le leur, qu’elles ont porté, nourri, oxygéné et protégé pendant presque une année. Cette légende enveloppe la salle de naissance et s'immisce dans ce moment biologique risquant la fragile balance d’attachement qui se nouera durant cette première heure d’or.
“Ouvrez les yeux” "Attrapez votre bébé” “Tendez les bras” “Embrassez le”. Las. Le marathon s’achève, il vous faut du temps pour atterrir de ces heures où votre corps et votre esprit ont été placés dans tant de situations neuves. Votre bébé est là. Vous pouvez d’abord le regarder, réflexe mammalien. Regardez, touchez, à pleines mains ou du bout des doigts, en réclamant une épaule pour vider vos larmes ou en étant toute entière à ce nouvel être.
Votre bébé va atterrir à son tour. L’air est frais, ses pieds s’activent mais aucune eau ne les reçoit il se reposer du voyage nu sur le ventre de sa mère. Lorsqu’il sera prêt, ses mains vont s’ouvrir et se fermer, ses yeux vont cligner. Il ne pleure pas, il a chaud maintenant contre cette peau qu’il connaît maintenant de l’extérieur et qui l’inonde de sa chaleur produite par l’effort de l’expulsion. Il portera ses mains à sa bouche, leur odeur, celle du liquide amniotique est semblable à l’odeur du colostrum qui le nourrira et le guidera vers le sein maternel. Il rampe, s’arrête. Rampe à nouveau.
Trouve le sein, peut-être plusieurs heures après sa naissance. Vous prenez le temps. Personne ne vous forcera le contact, ne manipulera vos seins ou ne le calera à l’horizontal dans vos bras. Le lien extrêmement puissant entre une mère et son enfant se tissera à la lumière de ce respect, de l’équilibre délicat et animal des hormones, des odeurs, des sons et du temps sacré qui file et s’arrête lors de la rencontre.
Demain il sera temps de reprendre sa vie, à demain le tourbillon, ou peut être dans une semaine, un an, peut-être plus jamais. S’offrir la symbiotique une heure pour peut-être y goûter le temps d’une vie.