18/09/2023
Chapitre 11
* Les visiteurs de la campagne
On n'était jamais isolé à la campagne de Riaillé, il y avait souvent de la visite. Certains arrivaient a pied, d'autres à cheval, ou à vélo, encore d'autres en voiture, et enfin quelques uns qui venaient en camion. Jamais personne n'est venu en hélico ni en parachute, mais peu importe, ce n'est pas le moyen de locomotion qui compte.
Parmi les plus modestes il y avait les gitans, ceux qui n'usaient pas leurs chaussures, la plupart du temps ils n'en avaient pas, ils venaient pieds nus, même en hiver, Ils vendaient des paniers d'osier ou encore du linge de maison, des gants de toilettes, mouchoirs ou autres tissus, ils étaient toujours bien reçus chez nous, même si la plupart du temps, nous n'achetions rien ou juste pour leur faire plaisir. Une fois maman avait eu pitié des gamins pieds nus dans la neige et avait proposé de leur donner nos vieilles bottes en caoutchouc usagées. Ils les avaient enfilées comme ça sans chaussettes et étaient repartis ravis. Je pense quand même qu'ils avaient pourtant déjà d'autres chaussures dans leur roulotte garée sur la route de Pannecé ou à la cabane aux rouleaux, mais ne les mettaient pas pour faire pitié et s'en faire offrir de nouvelles... ils devaient ensuite jeter les plus moches... C'était surement la même technique pour leurs habits, ils arrivaient toujours en lambeaux surtout les enfants... Certains étaient gentils mais d'autres avaient des visages qui n'inspiraient pas confiance, et comme nous avions la consigne de ne pas se laisser approcher par ces gens là, parfois, c'était la peur au ventre que nous passions à toute allure devant leurs roulottes garées sur le chemin au retour de l'école.
Parmi ceux qui arrivaient à pied, il y avait aussi les missionnaires à longue barbe qui au retour de longs périples en Afrique ou dans des pays très pauvres venaient se ressourcer et quêter lors de leur passage dans les villages essayant de récolter quelques dons auprès des paroissiens. Ils racontaient toute la misère qu'ils côtoyaient dans leurs pays de mission cela aidant pour obtenir quelques subsides.
C'était l'occasion pour eux de discuter avec les gens de prendre des nouvelles des uns ou des autres avant de repartir donner aux plus pauvres ce qu'ils avaient pu récolter pendant leurs quelques jours ou semaines de repos. Eux aussi étaient bien accueillis, parce que, en général nous les connaissions, c'était des gens originaires du pays pour la plupart. Maman qui nous répétait sans cesse qu'il fallait toujours penser aux plus démunis les écoutait avec attention et leur donnait toujours quelque chose ou les invitait à rester partager le repas avec nous.
Un qui est venu a pied aussi mais une fois seulement, c'était Stéphane Marchand, il venait juste de partir de la maison moins de dix minutes auparavant en voiture mais avait loupé le virage en descendant la côte de St Ouen et la voiture s'était retournée dans le champ en contrebas, par chance il n'avait pas été blessé et avait remonté précipitamment la côte pour chercher de l'aide...
Les cantonniers arrivaient aussi à pied, quand ils venaient, c'est qu'ils étaient à travailler dans le coin, à remettre du gravier pour boucher les nids de poules (nombreux par endroits) ou à couper les haies et dégager les fossés au bord des routes. Ils faisaient ce travail à la faux, et à la faucille s'arrêtant de temps en temps (pour ne pas dire souvent) pour aiguiser la lame ou la battre avec un marteau et une mini enclume en fer forgé avec des bord recourbés qui était enfoncée dans le sol pour ne pas bouger. Nous entendions ce clapotis si particulier... Il y avait parmi eux le petit père Bat**d qui était très sympathique et toujours de bonne humeur.
C'est ce moment là que Papa choisissait pour leur faire à distance un signe propre a lui qui consistait à se toucher la gorge en pinçant légèrement entre le pouce et l'index pour signifier aux intéressés que c'était l'heure de venir boire un coup. Ce geste était bien compris du premier coup et il n'y avait jamais besoin de répétition. Parmi les cantonniers habitués, il y avait aussi le père Godard qui n'avait pas la langue dans sa poche et passait "vantier bin" plus de temps que prévu à la cave. (Ce terme de langage est un compressé patois de « Bien Volontiers »)
Un autre qui voyageait à pieds aussi et celà très souvent puis qu'il n'avait pas de voiture était Auguste Paquereau, il allait toujours dans ses champs même loin à pied, il marchait vite et était bien entrainé. Parfois il venait chez nous pour signaler qu'une vache était sur la route ou pour demander un service. Une fois il arrive à l'heure du dîner, frappe à la porte, l'entrouvre, et lance: "Bonjour tout l'monde, dis don Jean, j'arai à t'caouzé! " Ce à quoi le père Jean lui réponds sur le même ton: "Oh bin dam' c'est bin c'mode"! tout le monde a éclaté de rire. C'était le meilleur marcheur de la contrée, il avait pourtant un vélo mais ne l'utilisait que très rarement lorsqu'il était très pressé...
Le seul qui venait à cheval était le palefrenier, il venait une ou deux fois par an avec son étalon, ce gros cheval bien dodu, énorme et élégant à la fois. Ce beau male était mis en relation rapprochée si l'on peut dire avec notre jument pas toujours décidée à se laisser faire, il fallait parfois attendre plusieurs jours avant de pouvoir espérer avoir un poulain pour le printemps suivant.
Parfois nous mêmes arrivions à cheval en enfourchant Gaieté qui était notre jument blanche, très docile, nous la faisions parfois courir pour imiter les chevaux de courses, mais comme nous n'avions pas de selle, ça secouait beaucoup. Je me souviens être allé une fois très jeune aux courses de chevaux au champ de courses de Riaillé qui était situé à l'époque dans le pré de la cour du bois à l'emplacement actuel du nouveau lotissement.
Il y avait aussi des gens qui se déplaçaient à vélo ou en solex, une femme en particulier qui emmenait avec elle son énorme balluchon de tissus, La mère Lacroix de Teillé, je ne sais pas comment elle faisait pour que ça tienne sur son porte bagage. Quand elle arrivait, elle posait le balluchon sur la table, dénouait les deux gros nœuds du drap qui recouvrait l'ensemble et étalait le tout lentement comme une vitrine. Elle essayait de vendre quelques torchons, serviettes ou encore blouses et tabliers en nylon (la nouveauté de l'époque).
La petite tante Marie elle aussi venait à vélo depuis l'Anerie village de Trans-sur-Erdre ou elle habitait, à une bonne dizaine de kilomètres, elle venait souvent, et en particulier à chaque naissance nouvelle et Dieu sait qu'il y en avait souvent... Elle donnait un coup de main à la maison, préparait le diner, faisait la lessive, le ménage et toutes les taches ménagères et s'occupait de toute la maisonnée tant que Maman n'était pas complètement rétablie. Elle avait un grand manteau dont elle remontait les pans sur le côté qu'elle attachait avec des épingles de nourrice lorsqu'elle enfourchait son vélo.
La Tante Marie était la femme de Pierre Chapleau le frère de notre grand mère, en fait, c'était une tante au Père Jean et donc pour nous une grande tante de par le fait... C'est chez elle que nous allions, Bernadette, moi et plus t**d Mado en vacances ou faire les battages, J'aimais bien aller là-bas, on passait notre temps à éplucher des pommes de pins pour manger les graines.
J'ai souvenir des battages avec la vanneuse, la poussière, les sacs de grains, les taquineries de Raymond, ou Jeanine, l'odeur de sueur dans la maison et la bonne table quand tout était terminé.
A vélo, il y avait aussi tous les copains de courses à Jean qui venaient pour l'entrainement, le lieu de rendez vous était souvent chez nous, c'est vrai que Jean n'était jamais prêt a l'heure prévue et il fallait toujours l'attendre c'est pourquoi tous les autres venaient ici. Guy Michaud n'était jamais en re**rd, il venait aussi pour voir Marie Thé ce qui le motivait bien davantage que d'aller s'entrainer. Le cliquetis des cales sous les chaussures dans le couloir signifiait que Jean était enfin prêt, en effet c'était le dernier accessoire à mettre, car ce n'était pas très pratique de marcher avec. Juste avant le départ, il re-contrôlait méticuleusement le gonflage des boyaux, la pompe et tous les accessoires avant de s'élancer avec toute la bande pour la sortie au grand air.
Jean Voisin se déplaçait beaucoup à vélo également, il en descendait et levant la jambe droite tout en roulant et la ramenait en passant par l'arrière ce qui lui permettait d'atterrir debout du côté gauche du vélo le pied gauche toujours sur la pé**le.
Ensuite il y avait ceux qui arrivaient en voiture, il y avait eu dans des temps anciens un certain Marcel Verger de La houssaie qui était commerçant et battait la campagne avec sa vieille voiture noire puis ensuite avec sa "Juva quatre", il vendait des vêtements mais aussi des légumes, il avait avec lui une balance sur laquelle il posait d'un côté un bac rond en tôle légère contenant les fruits ou légumes à peser et de l'autre mettait un ou plusieurs poids. Il avait la particularité de vendre souvent des lots hétérogènes, ça pouvait très bien être quelques boites de sardines avec une paire de chaussettes...
Il y avait aussi le curé, l'abbé Dollet et sa Deux-chevaux qui faisait très régulièrement la visite des paroissiens, il allait voir presque tout le monde mais s'arrêtait plus ou moins longtemps en fonction des affinités qu'il avait avec les uns ou les autres. Chez nous il s'arrêtait souvent, il discutait bien avec tout le monde, il nous aimait bien, nous étions une grande famille sympathique.
Quand il partait, il faisait toujours un grand sourire et disait sur un ton mi affirmatif mi interrogatif un simple "Allez, au revoir!" très court et fermait la porte avant de s'en aller discrètement. Il ne voulait jamais rester à dîner avec nous. Des Deux-chevaux à peu près identique transportaient Denise Guitar l'assistante sociale et aussi Hélène Déquippe de la Houssaie qui nous apportait chaque semaine le bulletin paroissial avec l'heure des messes, la liste des décès des baptêmes ou encore des mariages. elle a toujours gardé cette même deudeuche et s'en servait encore il y a peu.
Le facteur et la boulangère Marie Hardou que tout le monde avait depuis longtemps surnommée "Marie pouêt-pouêt" avaient aussi tous les deux des Deux-chevaux, mais des camionnettes. Le facteur (qui n'était pas toujours le même car ça tournait déjà à la poste en ces temps là) apportait le courrier jusqu'à la maison. Il y avait eu un facteur dont j'ai oublié le nom qui aimait bien apporter les lettres d'amour des uns ou des autres et ironisait légèrement lorsque la lettre en question avait une odeur parfumée ou un petit cœur dessiné au dos... Il tirait un sourire éblouissant laissant voir de grandes dents toutes jaunies et cariées mais on l'aimait bien quand même vu qu'il était le préposé au courrier du cœur.
La boulangère klaxonnait devant chaque maison annonçant son arrivée pour la maison suivante (d'ou son surnom), Il ne fallait pas la faire attendre car sa tournée était longue, elle vendait des pains de trois livres et même parfois des pains de six livres, et pour compenser le fait que les pains ne pesaient pas le poids requis, elle ajoutait la "pesée", ce petit morceau de pain supplémentaire parfois rassis en plus ou moins grande quantité selon l'humeur du jour ou l'assiduité de la clientèle. Elle encaissait la monnaie qu'elle mettait dans un sac a main en cuir fermé par deux petits crochets en laiton à boule qui s'accrochaient l'un à l'autre en forçant entre le pouce et l'index. Bien avant elle le boulanger n'encaissait pas de monnaie dans les fermes, il faisait seulement une ou plusieurs encoches sur une baguette de bois avec son couteau équivalent à la quantité de pain livrée en contrepartie de la quantité de blé fourni lors de la récolte.
Pierre Paillusson de St Louis faisait aussi la tournée des villages avec sa camionnette Renault puis ensuite avec son Citroën HY. Il avait toujours le crayon de bois sur l'oreille et s'en servait pour faire l'addition des achats que nous faisions, bananes, légumes ou autres chocolat sucre ou farine. Il avait toujours un mégot de gitane maïs au coin de la bouche qui d'ailleurs était pratiquement toujours éteint. De ce fait il parlait en marmonnant des mots souvent incompréhensibles, Il était toujours vêtu de sa grande blouse grise et pour aider les clients à ne rien oublier énumérait à peu près tous les produits qu'il avait en stock, allumettes, lessive, bougies, savon etc... Il passait une ou deux fois par semaine.
Un autre commerçant ne venait qu'une fois par saison, il vendait de l'habillement et du prêt a porter, le camion à Guerrier de Teillé se garait avec sa grande remorque à l'ombre du grand chêne au bord de la route, entre chez nous et chez Courant, ouvrait les côtés comme sur un marché, étalait toute la marchandise jusque par terre sur des couvertures et tous les gens des villages aux alentours venaient pendant quelques heures renouveler leur garde-robe et voir les nouveautés vestimentaires de la mode de l'époque. C'était surtout des vêtements ou des tissus tout comme les frères Dugué de Teillé (Yves et François) qui étaient tailleurs et donc fabriquaient les costumes pour les grandes occasions. Ces gens là étaient toujours bien habillés, très polis et accueillants. Papa les connaissait depuis toujours, ayant fréquenté la même école quand ils étaient petits. Ils effectuaient toujours une livraison à domicile et faisaient en même temps les retouches qui s'imposaient. C'est vrai que dans ces temps là, un costume ou un manteau étaient des achats importants qui ne se renouvelaient pas très souvent.
Parmi les marchands ambulants, il y avait les marchands de peaux de lapins, ou de ferraille. Plus ou moins romanichels, ceux là ne vendaient rien, ils achetaient à tout petit prix les plumes de canard ou les peaux de lapins que nous faisions sécher sur une tige de bois recourbée (qui faisait ressort pour bien tendre la peau). C'est vrai que chez nous il y en avait souvent, le lapin était très populaire et était souvent dans nos assiettes.
Ces gens là achetaient aussi les vieux meubles ou horloges anciennes et n'hésitaient pas parfois à échanger des chaises modernes en formica contre d'anciennes chaises dépaillées. Ce n'était surement pas une très bonne affaire pour les clients que nous étions mais ça mettait du renouveau dans la maison. Il fallait se méfier d'eux, car ils étaient un peu sans scrupule et auraient bien pris tout ce qui trainait dans la cour de la ferme.
Je me souviens d'un certain Mr Nicolas qui voyageait avec sa 404 camionnette, il penchait toujours la tête et ne parlait pas beaucoup. Les prix annoncés pour les peaux de lapins étaient souvent seulement de quelques centimes, il fallait discuter à chaque fois pour obtenir un prix si peu raisonnable... Si ça ne gagne pas, ça débarrasse disait-on!
Un autre voyageait avec son ami6 break, l'inséminateur Mr Legendre, celui là était prévenu par un petit bout de papier griffonné à la va-vite par papa sur lequel était écrit par exemple "Riquette en chaleur de ce matin" déposé par nous mêmes dans sa boite aux lettre en allant a l'école. Le message était déchiffré sans problème par l'intéressé habitué qui venait en général le lendemain, ouvrait son coffre et demandait quel taureau nous allions choisir. Il sortait de l'azote liquide la paillette choisie et la faisait décongeler avant de se rendre à l'écurie pour y inséminer la vache qui était restée seule en attendant son passage...
Dans le même genre, il y avait le vétérinaire qui était appelé rarement chez nous ou alors quand une bête était à l'agonie. Il arrivait avec sa grosse voiture, était souvent énervé et pas très aimable vu que nous n'étions pas de très bons clients. Papa préférait plutôt le hongreur en l'occurrence le père Gasnier qui était aussi moitié vétérinaire et surtout qui était beaucoup moins cher pour ses interventions. C'est lui qui fournissait le fameux "anticrapaud" qui sentait si mauvais et qui servait pour guérir les pattes des vaches. De plus ce Monsieur savait aussi tuer les veaux ce qui arrivait parfois chez nous vu que nous avion un congélateur immense et qu'il fallait bien le remplir de temps en temps. Nous n'aimions pas ce spectacle mais c'était nécessaire pour nourrir toute la maisonnée que nous étions.
Dans la même série, il y avait aussi les marchands de vaches, tous plus bonimenteurs les uns que les autres, il faisaient toujours croire que les cours avaient baissés ou que la bête n'était pas assez ou trop grasse, que ça se vendait mal en ce moment et ainsi de suite pour réussir à obtenir un prix moindre. Papa ne s'en laissait pas conter et souvent les faisait revenir plusieurs fois et arrivait souvent à obtenir une réévaluation de la transaction. Pourtant, ils voulaient toujours donner l'impression d'être des pauvres commerçants pas riche pour un sou mais tout le monde savait que c'était le contraire. Parmi eux il y avait Gilbert Beaujard de Bonnoeuvre, c'était probablement le moins voleur de tous. Lorsqu'ils venaient prendre possession de leur acquisition, il fallait faire monter la bête dans le camion, ce n'était pas toujours facile et c'était souvent bien à regrets que nous voyions partir les bêtes qui avaient été nourries, soignées et bichonnées par nos soins.
Un autre visiteur, journalier celui là, était le laitier, le plus connu d'entre eux était Mr Barbier, qui reculait son camion jusqu'en haut dans la cour, un peu rustre parfois et pas toujours de bonne humeur, il soulevait les bidons de 20 litres en aluminium jusqu'en haut de son camion, sans ménagement, et avec beaucoup de facilité, il était très costaux, le nombre de litres mesuré pour le dernier bidon avec la jauge en bois était noté sur une ardoise, que le laitier devait recopier dans le carnet dédié à cet effet. Nous avions la consigne de bien vérifier qu'il ne notait pas un litre de moins que nous, à cet effet, nous devions ne pas trop remplir les bidons pour arrondir au chiffre supérieur. Il aimait bien la plaisanterie, il nous livrait le beurre par la même occasion, parfois cinq kilos d'un coup, c'est vrai que nous en consommions beaucoup, la cuisine n'était pas à l'huile d'olives...
Parfois il avait tendance à laisser un peu le lait tourner en plein soleil pendant qu'il état à la cave mais il fallait bien boire un coup de temps en temps, ce métier là était très physique.
Il y avait aussi le livreur de farine, pendant un temps Arsène Hardou, (le frère de Roger le boulanger) qui faisait tourner son moulin dans la petite Ile située entre deux bras de l'Erdre à la Benate. Ce moulin qui avait été autrefois entrainé par l'eau de la rivière tournait à l'électricité grâce à de gros moteurs qui entrainaient de grosses poulies et courroies qui montaient d'un étage à l'autre dans un bruit assourdissant. Il venait donc livrer de la farine pour les vaches (en échange de blé fourni lors de la moisson lui aussi). Les sacs étaient acheminés au grenier un par un patiemment en attendant d'être consommés.
Encore un, le livreur d'engrais et de tourteaux, le père Gauthier qui avait un gros camion Saviem. C'est de chez lui que venaient les scories potassiques et l'ammonitrate 33 qui servaient au printemps pour redonner de la couleur aux prés. Il avait son entrepôt juste en face de l'ancienne gendarmerie, ce bâtiment qui est devenu l'entrepot des cantonniers par la suite.
Pour finir, il y avait les visiteurs du Dimanche, la famille d'abord qui se résumait à une seule famille du fait que notre maman n'avait qu'une seule soeur qui était religieuse. Nos seuls cousins et cousines étaient les Grelier, (Marie était la soeur du père Jean) , ils venaient aussi régulièrement chez nous que nous allions chez eux à la Sionnière de Teillé, je me souviens qu'ils avaient pendant un temps une superbe renault 6. Ils venaient régulièrement manger avec nous le dimanche.
Il y avait aussi une fois par an le repas de anciens marguillers, c'était une tradition dans les campagnes, si les confrères s'entendaient bien, (désignés par le curé, ils portaient la croix et la bannière aux offices religieux pendant une année) ils organisaient ensuite un repas chacun leur tour et une fois par an. Ce qui était le cas chez nous, Pierre Rigaud et sa femme, Joseph Paillusson et Elise le troisième était Raphaël Péhu et Jeannette. C'était l'occasion de discuter de tous les "potains" de la contrée et aussi d'entretenir l'amitié.
En ces temps là, les visites ne manquaient pas, et il y avait toujours les voisins proches et aussi tous les enfants sur qui on pouvait compter au moindre problème.
Michel