Souvenirs d'enfance à Riaillé 44

Souvenirs d'enfance à Riaillé 44 En mémoire de beaux souvenirs de notre jeunesse dans les années 60...

Tous à Riaillé Dimanche...
18/10/2024

Tous à Riaillé Dimanche...

L’association Histoire et Patrimoine lance un appel à toute la population de Riaillé à venir, dimanche, sur la place de l’église, à 11 h 45. Il sera fait une photo mémorable, qui rappellera celle de 1957, prise au même endroit à l’occasion de la mission, où 612 personnes, adultes et e...

Chapitre 13 * Les vaches et la trayeuse.Les  vaches avaient toutes un nom, Riquette, Blanchette, Lunette, (celle ci avai...
15/09/2024

Chapitre 13

* Les vaches et la trayeuse.

Les vaches avaient toutes un nom, Riquette, Blanchette, Lunette, (celle ci avait été baptisée comme cela à cause qu'elle avait des taches autour des yeux). Elles avaient aussi chacune leur emplacement attitré dans l'écurie, et gare à celle qui ne prenait pas sa place, elle était vite délogée à coups de cornes...
Depuis des générations les vaches se trayaient à la main, ce n'était pas nouveau, tout jeunes on nous avait appris à faire ce geste précis et fatiguant de presser les trayons deux par deux (un dans chaque main),assis sur un tabouret en bois à trois pieds de préférence, (comme ça ce n'était jamais bancal) Il fallait exercer une pression soutenue par des mouvements de haut en bas pour faire couler le lait dans le seau en tôle. Avant de commencer, Il fallait attacher la queue de la vache pour ne pas se faire fouetter le visage et pour cela nous faisions des tresses avec trois ficelles.
Certaines vaches n'étaient pas très dociles et de temps en temps, un coup de patte malencontreux faisait renverser le seau, quel gâchis.... mais pas de juron (en général) juste quelques "Bordeau de Bordeau" de la part de papa.
Toute la maisonnée ou presque a connu ce temps là, chaque matin, gare à celui ou celle qui était en re**rd, car Papa faisait la gu**le ensuite une bonne partie de la journée. C'est vrai que si on est tout seul pour traire 10 vaches, il faut .... un certain temps.... le temps de traite était inversement proportionnel au nombre de trayeurs. Souvent il arrivait que Maman qui ne se plaignait jamais fasse la traite toute seule en plus du travail de la maison, de la cuisine, s'occuper des enfants pour l'école, s'assurer que chacun ne manque de rien...
C'est vrai que quelquefois le réveil était difficile et quand nous arrivions à l'écurie ... c'était fini ou presque... Nous repartions tout penauds avec une engueulade et ... la honte.
Chez nous c'était comme ça, chez Jean Voisin, nous entendions à côté tous les matins et tous les soirs le bruit de la trayeuse électrique, montée sur roulettes qu'il déplaçait dans l'écurie allant "de p*s en p*s". J'entends encore le bruit si particulier de l'engin, ce bruit de respiration rythmé par un moteur qui tournait très lentement. De chez nous, on savait quand il commençait la traite, car la lumière baissait d'intensité.
Papa était "anti modernité", peut être sans doute à cause du manque d'argent pour investir, cela nous faisait enrager parfois, mais il avait ses raisons que nous ne comprenions pas. En tous cas c'était souvent maman qui en payait le prix car nous n'étions pas toujours là pour faire le "boulot" Il arrivait parfois le dimanche soir au retour des courses de vélo que maman finisse juste de traire toutes les vaches toute seule pendant que toute la maisonnée ou du moins tous ceux qui pouvaient rentrer en même temps dans l'Ariane s'étaient baladés toute l'après midi.
Cet état de fait m'exaspérait depuis longtemps, je pense que nous devions être les derniers dinosaures de la commune à produire du lait et à ne pas encore avoir de trayeuse. Certains avaient déjà des salles de traite multi postes et nous, nous étions encore au siècle dernier...
Un jour sans informer quiconque et surtout pas l'intéressé principal qui m'aurait sûrement interdit de le faire, je me suis mis en quête de chercher par les petites annonces de "l'éclaireur" ou de la "France agricole" une trayeuse d'occasion. Les propositions ne manquaient pas car nombre de fermes disparaissaient à l'époque faute de repreneur.
Mon choix se porta sur une ferme de Héric ou un jeune retraité qui laissait son exploitation n'avait plus besoin de son matériel.
Avec mes propres petites économies gagnées chez Forestier de St Mars la Jaille à livrer des meubles dans toute la France… (époque formidable), j'achetai donc le lot: trayeuse, tuyaux, matériel de lavage, pièces de rechange etc. Je me souviens n'avoir aucunement négocié le prix puisque c'était exactement ce que je voulais et je le voulais à n'importe quel prix étant fermement décidé à aller jusqu'au bout du projet. Le démontage fut réalisé par mes soins en tentant de récupérer un maximum de choses et la 4l fut à peine assez grande pour contenir tout ce merdier, les tubes métalliques étant arrimés sur la galerie.
C'est avec ce chargement que je suis arrivé à la Grézerie ou j'ai été accueilli par maman avec un grand sourire pensant à son futur soulagement tandis que papa m'avait jeté un regard de dédain qui montrait clairement qu'il n'approuvait pas mon initiative, mais curieusement il ne dit pas un mot.
Les jours suivant, il me laissa faire sans rien dire, juste en haussant les épaules de temps en temps en voyant l'ampleur du chantier.
J'ai remonté tout le système, la pompe à vide (élément crucial) au dessus de la porte de la grange, le mécanisme de nettoyage à côté du robinet d'arrivée d'eau. Partait de la le tuyau qui devait aller jusqu'au bout de l'écurie du fond avec tout du long les robinets qui servaient à raccorder les pots trayeurs. Je remontais tous les accessoires tels qu'ils étaient montés dans l'autre ferme. J'avais pris soin de bien repérer les éléments et en cas de nécessité j'allais demander conseils à Jean Voisin très intéressé et surpris par la modernité soudaine qui était en train de s'installer à côté.
Vint le jour de la mise en marche, après avoir vérifié un à un tous les joints des tuyaux, le bouton fut mis sur la position "ON" et la pompe a vide se mit à aspirer..... Il y avait du vide dans les tuyaux et l'air entrait en sifflant lorsqu'on ouvrait les robinets c'était le principal...
Sans t**der, un essai se fit dans la foulée...... Mais ce ne fut pas concluant, les trayons ne tenaient pas attachés, à chaque prise d'air si minime soit elle, la "griffe" se détachait, il y avait un problème!
Impossible de savoir quoi exactement mais ça ne trayait pas bien comme si ça manquait de dépression... Pourtant aucune fuite n'avait été décelée.... l'ingénieur technicien en tout (Jean Voisin, toujours lui, un connaisseur) vint à mon secours, il pensa que ça venait de la pompe qui n'aspirait pas bien, il me conseilla de changer les ailettes (genre de petites plaquettes qui se trouvaient dans la pompe à vide). Pas de chance, le démarrage fût reporté jusqu'après avoir trouvé les pièces détachées au Grand Auverné, cela prit encore quelques jours et aussi quelques économies supplémentaires... mais j'étais impatient de voir enfin la machine fonctionner.
Quel bonheur quand après avoir démonté, remplacé les ailettes, nettoyé la pompe, de remettre en marche cette mécanique tant attendue.
Cette fois ci le pari était gagné et la pompe aspirait presque trop... Quelques réglages de la soupape de sécurité et l'affaire pouvait tourner rond.
Le clic clac de chaque pot trayeur en action devint un bruit sympathique, les vaches ne t**dèrent pas à s'accommoder de ces nouvelles "petites mains"... et pouvaient toujours essayer de renverser le seau...
Papa qui avait regardé d'un mauvais œil cette initiative finit par prendre part lentement au projet et accepta enfin de tester l'équipement, il ne fit aucun effort pour s'adapter rapidement et au début laissa le soin à maman de faire marcher la machine. Petit à petit, il arriva à faire la traite seul... enfin presque, car JAMAIS il ne fit lui même marcher le système de lavage, il ne voulait pas! prétextant que c'était trop compliqué (ou je pense plus par fierté) n'ayant pas été à l'initiative du projet.
Maman fut encore malgré tout toujours obligée de faire deux fois par jour le lavage pendant plusieurs années.... mais ce n'était plus rien en comparaison du travail qu'elle faisait avant.
Ce n'est que beaucoup, beaucoup plus t**d qu'il me remercia, quand il arrêta l'exploitation.
De ce jour, plus rien de ce qui avait été essentiel à la bonne marche de l’exploitation ne servit plus, le bassin abreuvoir perdit l'eau et ne fut jamais réparé, pourtant il avait servi, pour abreuver les vaches pendant tant d'années...
Les vaches disparurent petit à petit, la jument "Simca" resta plus longtemps car elle servit encore pendant quelques temps pour faire les travaux de notre jardin et aussi celui de Fernand et Léone nos voisins.
Plus t**d les bâtiments commencèrent à se dégrader, la grange perdit petit à petit sa toiture puis la charpente s'est effondrée, le toit de l'écurie a du être séparé de celui à Jean Voisin car il menaçait de le faire s'écrouler avec lui...
Le vieux hangar s'est affaissé lentement au fil des années étouffant et retenant prisonnières quelques vieilles machines agricoles.

Et c’est ainsi que se termina la vie trépidante de notre petite ferme de campagne d’à peine 20 hectares qui avait pourtant réussi l’exploit de faire vivre une famille de 14 personnes!

Michel

Chapitre 12* Les chiens et autresIls ont tous étés enterrés dans le jardin, leur existence se terminait ici, Ils étaient...
06/02/2024

Chapitre 12

* Les chiens et autres

Ils ont tous étés enterrés dans le jardin, leur existence se terminait ici, Ils étaient chacun leur tour notre compagnon, il était indispensable pour aller chercher les vaches aux champs, d'ailleurs c'était leurs plus grands plaisir, ils manifestaient une telle euphorie lorsque l'heure arrivait qu'il fallait souvent les freiner dans leur élan de vouloir bien faire", car ils faisaient courir les vaches qui perdaient ensuite leur lait sur la route pendant le retour... Donc calme le chien, calme! va chercher non attends... On disait toujours "le chien" mais en fait c'était presque toujours des chiennes, Fidèle, Rigolette, encore Fidèle et je ne sais plus les autres... Un simple sifflement et elle étaient prêtes
Je me souviens une fois, je ne sais pas ce qui avait pris aux vaches mais elles avaient manifesté (à leur façon), je devais les conduire au champ de la garenne, déjà les jours précédents il fallait les encourager pour les faire entrer dans ce champ, j'avais l'impression qu'elles ne voulaient pas y aller...
Ce jour là, rien à faire, la meneuse du troupeau se dirigea tout droit dans le chemin cahoteux qui descendait aux pré de barre et de la garenne (ancienne route des messieurs qui menait autrefois de Saint Ouen à la Guibourgère) suivie aussitôt du reste de la troupe, je passai au travers de la haie, et couru par le champ d'à côté, ressortit en bas pensant arriver avant elles, mais les premières avaient des fourmis dans les jambes et s'étaient mises à courir en poursuivant le chemin, puis s'enfonçèrent ensuite dans les broussailles du chemin désaffecté tour au bout dans les épines, je réussis quand même à en retenir quelques unes et les obligeaient à rebrousser chemin, mais en arrivant a nouveau devant l'entrée du champ ou elles devaient aller, elles refusaient catégoriquement d'y entrer et les voilà parties à monter le chemin vers St Ouen en courant de plus belle, je crois que ce jour là j'ai mouillé ma chemise bien plus que d'ordinaire et il a fallu chercher de l'aide. Je croyais avoir affaire à un troupeau de vaches folles bien avant l'heure. Ce jour là je les ai maudites, même le chien, n'avait rien pu faire, pourtant il avait aboyé et couru dans tous les sens et aussi mordu beaucoup de mollets... Mais rien n'y faisait, elles étaient trop excitées et il fallut beaucoup de temps pour les raisonner, les premières qui s'étaient empêtrées dans les épines y restèrent toute la matinée et nous avions eu bien du mal à les déloger. En fait, elles n'étaient pas si folles, les bêtes, elles savaient simplement qu'il n'y avait plus rien à manger dans ce champ ou alors elles avaient été épouvantées par je ne sais quel phénomène inhabituel ???...

Les chiens étaient intelligents, ils connaissaient tous les champs nous appartenant et nous accompagnaient à chaque destination. Un jour ou j'avais été travailler dans le champ de la vigne, à côté des Roulais j'avais laissé le vélo à côté de la barrière du champ au dessus, au bord de la route. Lorsque mon travail fut terminé, avant de rentrer, je suis allé faire un tour dans les champs aux alentours pour éventuellement repérer un lapin au gite ou encore rechercher quelques coulemelles... J'aimais bien ce temps de balade imprévu et plein de surprises parfois.
Cette fois là je ne sais pas si la recherche avait été fructueuse, mais emporté par le trajet de champ en champ, au retour de mon travail de plein air, je rentrai à la maison sans repasser par la barrière ou le vélo avait été laissé, d'ailleurs, je n'y pensais même plus.
Le soir à l'heure de rentrer les vaches, la chienne n'était pas là! Ou est elle donc passée? Aucune trace, nous avions beau l'appeler partout, pas de réponse, rien elle était perdue, A la nuit tombée, toujours pas rentrée... Elle était peut être en chaleur et s'était abandonné quelque part avec un beau compagnon de passage? Le lendemain matin, elle n'était toujours pas rentrée, disparue, pourtant ce n'était pas son habitude, elle partait quelquefois mais revenait toujours au plus t**d dans la nuit .
Ce n'est que plus t**d dans la matinée que je me suis souvenu enfin que le vélo était resté là bas... je retournai donc le chercher et quelle fut ma surprise en arrivant auprès de constater que la chienne était là, recroquevillée entre les roues du vélo dans l'herbe humide... Elle avait passé la nuit au pied du vélo à le garder en attendant son maître! Elle fut très contente de me voir et se mit a sautiller joyeusement dans tous les sens et du coup ne se fit pas prier pour rentrer a la ferme....

Les chiens chez nous vivaient de peu de choses, on leur donnait les os à croquer, un peu de soupe parfois et pas grand chose d'autre, si bien que souvent ils revenaient de vers chez Hardy en ramenant des poulets... Rigolette affamée sans doute avait gouté une fois aux granulés à lapins et apparemment avait trouvé ça bon puisqu'un jour, elle les confondit avec les granulés à limaces... ayant réussi a ouvrir le sac entreposé sous le hangar à côté de l'ancienne voiture à cheval légère qui ne servait plus depuis que la traction était arrivée, la pauvre bête ayant ingurgité du produit en question en fut très malade, comme empoisonnée, elle resta plusieurs jours entre la vie et la mort à baver et trembler mais heureusement réussit finalement à reprendre le dessus... La Pauvre... qui aurait pu elle aussi être victime de sa gourmandise comme le canard. Jamais plus elle ne mangea de granulés.

Dans le quartier, des chiens il y en avait dans chaque ferme des chiens de touche disait on, parfaits pour conduire les vaches au pré ou retourner les chercher, chez les courants il y avait eu "Siam" puis ensuite "Phlox", ce dernier était un beau toutou, plein de poils et très gentil, mais pas chasseur pour un sou ni bon pour les vaches non plus, juste joueur, et un peu fou fou...
Mais arriva ce qui devait arriver, lui aussi, malgré qu'il était bien nourri chez ses maîtres avait la fâcheuse tendance à aller trainer lui aussi du côté de chez Hardy, les poulets morts depuis plusieurs jours avaient sans doute un meilleur fumet... Pour ça il fallait traverser la route départementale, la D14... sur laquelle il y avait de plus en plus de circulation, ça devenait même problématique quand il fallait emmener les vaches au champ de la croix, nous nous faisions souvent engu**ler par des automobilistes pressés qui ne comprenaient pas qu'un troupeau puisse leur barrer la route. Un jour, comme tous les autres chiens de chez Courant avant lui le pauvre Phlox se fit écraser par une voiture lui aussi... Ce chien était apprécié de tous et jouait beaucoup avec les enfants.

Nos chiens à nous étaient en général de bons chasseurs, ils étaient entrainés à courir après les lapins et les courses poursuites étaient intéressantes à observer, c'est quand même le lapin qui courait le plus vite en général. Papa ne chassait pas, il était du genre à ne pas faire de bruit et souvent il assommait d'un coup de bâton les lapins dans leur gite. Il avait le coup d'œil pour repérer la touffe d'herbe un peu plus garnie que les autres et savait comment s'approcher discrètement par le côté face à la tête du lapin pour le dissuader de quitter son nid. Au dernier moment, le bâton tombait sèchement sur le pauvre "Jeannot" qui n'avait pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Une fois assommé, en un rien de temps, il perdait un œil et agonisait sur le champ. Ce n'était pas plus ignoble que pour les lapins domestiques pour qui le sort était finalement le même.
Chaque hiver, le tour de tous les champs étaient éparés, on coupait à la faucille, (Papa disait le "croissant" ) toutes les épines qui dépassaient et on nettoyait le pied des haies enlevant les branches et autres mauvaises herbes de façon a laisser le bord des champs propres, aidés d'une broquette, (bâton avec une fourche a l'extrémité) et d'un poing de cuir, (pour éviter que les épines ne pénètrent dans la main) nous faisions des petits tas d'épines qui étaient ensuite brulés lorsque le temps le permettait dès qu'ils étaient secs.
J'aimais parcourir les champs à braconner avec Papa, une fois même pour le faire marcher, je lui fait croire que j'ai vu (pour une fois avant lui) un lapin dans le tas d'épine juste là... pour rire... je continue mon chemin lorsque j'entends aussitôt après derrière moi un grand coup de bâton sur le tas incriminé. Surpris je me retourne. Papa qui avait braconné tout le temps depuis sa jeunesse et surtout pendant la guerre était malin et savait très bien repérer ce genre de choses, il avait vu, lui qu'il y avait réellement un lapin à cet endroit que je n'avais pas vu bien sur.
Parfois nous avions la chance de voir passer un faisan, quel bel oiseau au long plumage multicolore, les mâles étaient beaucoup plus jolis et colorés que les femelles. (C'est souvent le cas pour les animaux), pour les humains ce serait plutôt l'inverse… Ces oiseaux ont parfois la particularité de se cacher lorsqu'ils sont poursuivis, Ils se cachent la tête mais ne se rendent pas compte que leur longue queue n'est pas cachée totalement et est très facile à repérer... Nous en avons cueilli un tout simplement une fois par l'arrière qui n'avait pas jugé bon de s'envoler, un peu fainéant sans doute il s'était contenté de se "burger" la tête la première dans la haie se croyant invisible comme une autruche... "Burger" n'est pas français, c'est un mot de patois de chez nous qui est la contraction de deux mots : se "blottir" et se "cacher", d'ailleurs il est assez significatif puisqu'il rejoint la définition du mot anglais "burger" une tranche de viande entre deux tranches de pain....

L'hiver, lorsqu'il y avait de la neige, les lapins laissaient des traces de pas dans les champs, nous aimions suivre leur itinéraire nocturne qui nous emmenait loin parfois mais rarement à leur lieu de repos final, le gite ou nous aurions pu les attraper facilement, souvent leur trace se perdait à l'orée d'un bois ou au bord d'une haie...
Papa était souvent sollicité par les chasseurs de la région qui lui demandait de réserver ses champs pour leur chasse, ce qu'il avait toujours refusé considérant que la terre était à tout le monde et qu'il autorisait tout le monde à venir chasser. Cela lui donnait l'occasion de voir du monde et aussi d'avoir parfois en cadeau quelque gibier....
Un dimanche, nous étions partis aux courses de vélo avec la traction. Nous voila donc partis vers La Chapelle-Glain et juste après un virage un peu plus loin que la route de St Sulpice, un spectacle naturel se trouva devant nous, une cane sauvage avec toute sa progéniture à savoir une poignée de petits canetons se dandinant tranquillement en traversant la route... Chacun d'entre nous de nos jours aurait freiné ou donné un coup de volant pour essayer de les éviter... Mais nous Non! Papa accéléra et fit exprès de passer dessus à toute allure... (Toujours cet esprit chasseur et destructeur...) Heureusement, par chance si on peut dire, aucun des volatiles ne fut tué, seulement quelques plumes arrachées, la bande fut un peu dispersée et quelques minutes après, nous étions à courir après les petits canetons qui commençaient à voler dans le champ d'à côté. Nous n'en avons attrapé qu'un seul, qui nous a donc accompagnés à la course de vélo ce jour là et qui fit ensuite partie de notre basse cour.
Il ne resta pas longtemps, un canard sauvage est toujours sauvage, comme un lapin de garenne, à la moindre occasion ils se font la belle. Il disparut un jour et réapparut pendant quelques temps dans la mare de St Ouen avant de repartit vers d'autres horizons dès qu'il pu voler correctement...

Michel

Chapitre 11* Les visiteurs de la campagneOn n'était jamais isolé à la campagne de Riaillé, il y avait souvent de la visi...
18/09/2023

Chapitre 11
* Les visiteurs de la campagne
On n'était jamais isolé à la campagne de Riaillé, il y avait souvent de la visite. Certains arrivaient a pied, d'autres à cheval, ou à vélo, encore d'autres en voiture, et enfin quelques uns qui venaient en camion. Jamais personne n'est venu en hélico ni en parachute, mais peu importe, ce n'est pas le moyen de locomotion qui compte.

Parmi les plus modestes il y avait les gitans, ceux qui n'usaient pas leurs chaussures, la plupart du temps ils n'en avaient pas, ils venaient pieds nus, même en hiver, Ils vendaient des paniers d'osier ou encore du linge de maison, des gants de toilettes, mouchoirs ou autres tissus, ils étaient toujours bien reçus chez nous, même si la plupart du temps, nous n'achetions rien ou juste pour leur faire plaisir. Une fois maman avait eu pitié des gamins pieds nus dans la neige et avait proposé de leur donner nos vieilles bottes en caoutchouc usagées. Ils les avaient enfilées comme ça sans chaussettes et étaient repartis ravis. Je pense quand même qu'ils avaient pourtant déjà d'autres chaussures dans leur roulotte garée sur la route de Pannecé ou à la cabane aux rouleaux, mais ne les mettaient pas pour faire pitié et s'en faire offrir de nouvelles... ils devaient ensuite jeter les plus moches... C'était surement la même technique pour leurs habits, ils arrivaient toujours en lambeaux surtout les enfants... Certains étaient gentils mais d'autres avaient des visages qui n'inspiraient pas confiance, et comme nous avions la consigne de ne pas se laisser approcher par ces gens là, parfois, c'était la peur au ventre que nous passions à toute allure devant leurs roulottes garées sur le chemin au retour de l'école.
Parmi ceux qui arrivaient à pied, il y avait aussi les missionnaires à longue barbe qui au retour de longs périples en Afrique ou dans des pays très pauvres venaient se ressourcer et quêter lors de leur passage dans les villages essayant de récolter quelques dons auprès des paroissiens. Ils racontaient toute la misère qu'ils côtoyaient dans leurs pays de mission cela aidant pour obtenir quelques subsides.
C'était l'occasion pour eux de discuter avec les gens de prendre des nouvelles des uns ou des autres avant de repartir donner aux plus pauvres ce qu'ils avaient pu récolter pendant leurs quelques jours ou semaines de repos. Eux aussi étaient bien accueillis, parce que, en général nous les connaissions, c'était des gens originaires du pays pour la plupart. Maman qui nous répétait sans cesse qu'il fallait toujours penser aux plus démunis les écoutait avec attention et leur donnait toujours quelque chose ou les invitait à rester partager le repas avec nous.

Un qui est venu a pied aussi mais une fois seulement, c'était Stéphane Marchand, il venait juste de partir de la maison moins de dix minutes auparavant en voiture mais avait loupé le virage en descendant la côte de St Ouen et la voiture s'était retournée dans le champ en contrebas, par chance il n'avait pas été blessé et avait remonté précipitamment la côte pour chercher de l'aide...

Les cantonniers arrivaient aussi à pied, quand ils venaient, c'est qu'ils étaient à travailler dans le coin, à remettre du gravier pour boucher les nids de poules (nombreux par endroits) ou à couper les haies et dégager les fossés au bord des routes. Ils faisaient ce travail à la faux, et à la faucille s'arrêtant de temps en temps (pour ne pas dire souvent) pour aiguiser la lame ou la battre avec un marteau et une mini enclume en fer forgé avec des bord recourbés qui était enfoncée dans le sol pour ne pas bouger. Nous entendions ce clapotis si particulier... Il y avait parmi eux le petit père Bat**d qui était très sympathique et toujours de bonne humeur.
C'est ce moment là que Papa choisissait pour leur faire à distance un signe propre a lui qui consistait à se toucher la gorge en pinçant légèrement entre le pouce et l'index pour signifier aux intéressés que c'était l'heure de venir boire un coup. Ce geste était bien compris du premier coup et il n'y avait jamais besoin de répétition. Parmi les cantonniers habitués, il y avait aussi le père Godard qui n'avait pas la langue dans sa poche et passait "vantier bin" plus de temps que prévu à la cave. (Ce terme de langage est un compressé patois de « Bien Volontiers »)

Un autre qui voyageait à pieds aussi et celà très souvent puis qu'il n'avait pas de voiture était Auguste Paquereau, il allait toujours dans ses champs même loin à pied, il marchait vite et était bien entrainé. Parfois il venait chez nous pour signaler qu'une vache était sur la route ou pour demander un service. Une fois il arrive à l'heure du dîner, frappe à la porte, l'entrouvre, et lance: "Bonjour tout l'monde, dis don Jean, j'arai à t'caouzé! " Ce à quoi le père Jean lui réponds sur le même ton: "Oh bin dam' c'est bin c'mode"! tout le monde a éclaté de rire. C'était le meilleur marcheur de la contrée, il avait pourtant un vélo mais ne l'utilisait que très rarement lorsqu'il était très pressé...

Le seul qui venait à cheval était le palefrenier, il venait une ou deux fois par an avec son étalon, ce gros cheval bien dodu, énorme et élégant à la fois. Ce beau male était mis en relation rapprochée si l'on peut dire avec notre jument pas toujours décidée à se laisser faire, il fallait parfois attendre plusieurs jours avant de pouvoir espérer avoir un poulain pour le printemps suivant.

Parfois nous mêmes arrivions à cheval en enfourchant Gaieté qui était notre jument blanche, très docile, nous la faisions parfois courir pour imiter les chevaux de courses, mais comme nous n'avions pas de selle, ça secouait beaucoup. Je me souviens être allé une fois très jeune aux courses de chevaux au champ de courses de Riaillé qui était situé à l'époque dans le pré de la cour du bois à l'emplacement actuel du nouveau lotissement.

Il y avait aussi des gens qui se déplaçaient à vélo ou en solex, une femme en particulier qui emmenait avec elle son énorme balluchon de tissus, La mère Lacroix de Teillé, je ne sais pas comment elle faisait pour que ça tienne sur son porte bagage. Quand elle arrivait, elle posait le balluchon sur la table, dénouait les deux gros nœuds du drap qui recouvrait l'ensemble et étalait le tout lentement comme une vitrine. Elle essayait de vendre quelques torchons, serviettes ou encore blouses et tabliers en nylon (la nouveauté de l'époque).
La petite tante Marie elle aussi venait à vélo depuis l'Anerie village de Trans-sur-Erdre ou elle habitait, à une bonne dizaine de kilomètres, elle venait souvent, et en particulier à chaque naissance nouvelle et Dieu sait qu'il y en avait souvent... Elle donnait un coup de main à la maison, préparait le diner, faisait la lessive, le ménage et toutes les taches ménagères et s'occupait de toute la maisonnée tant que Maman n'était pas complètement rétablie. Elle avait un grand manteau dont elle remontait les pans sur le côté qu'elle attachait avec des épingles de nourrice lorsqu'elle enfourchait son vélo.
La Tante Marie était la femme de Pierre Chapleau le frère de notre grand mère, en fait, c'était une tante au Père Jean et donc pour nous une grande tante de par le fait... C'est chez elle que nous allions, Bernadette, moi et plus t**d Mado en vacances ou faire les battages, J'aimais bien aller là-bas, on passait notre temps à éplucher des pommes de pins pour manger les graines.
J'ai souvenir des battages avec la vanneuse, la poussière, les sacs de grains, les taquineries de Raymond, ou Jeanine, l'odeur de sueur dans la maison et la bonne table quand tout était terminé.

A vélo, il y avait aussi tous les copains de courses à Jean qui venaient pour l'entrainement, le lieu de rendez vous était souvent chez nous, c'est vrai que Jean n'était jamais prêt a l'heure prévue et il fallait toujours l'attendre c'est pourquoi tous les autres venaient ici. Guy Michaud n'était jamais en re**rd, il venait aussi pour voir Marie Thé ce qui le motivait bien davantage que d'aller s'entrainer. Le cliquetis des cales sous les chaussures dans le couloir signifiait que Jean était enfin prêt, en effet c'était le dernier accessoire à mettre, car ce n'était pas très pratique de marcher avec. Juste avant le départ, il re-contrôlait méticuleusement le gonflage des boyaux, la pompe et tous les accessoires avant de s'élancer avec toute la bande pour la sortie au grand air.
Jean Voisin se déplaçait beaucoup à vélo également, il en descendait et levant la jambe droite tout en roulant et la ramenait en passant par l'arrière ce qui lui permettait d'atterrir debout du côté gauche du vélo le pied gauche toujours sur la pé**le.

Ensuite il y avait ceux qui arrivaient en voiture, il y avait eu dans des temps anciens un certain Marcel Verger de La houssaie qui était commerçant et battait la campagne avec sa vieille voiture noire puis ensuite avec sa "Juva quatre", il vendait des vêtements mais aussi des légumes, il avait avec lui une balance sur laquelle il posait d'un côté un bac rond en tôle légère contenant les fruits ou légumes à peser et de l'autre mettait un ou plusieurs poids. Il avait la particularité de vendre souvent des lots hétérogènes, ça pouvait très bien être quelques boites de sardines avec une paire de chaussettes...
Il y avait aussi le curé, l'abbé Dollet et sa Deux-chevaux qui faisait très régulièrement la visite des paroissiens, il allait voir presque tout le monde mais s'arrêtait plus ou moins longtemps en fonction des affinités qu'il avait avec les uns ou les autres. Chez nous il s'arrêtait souvent, il discutait bien avec tout le monde, il nous aimait bien, nous étions une grande famille sympathique.
Quand il partait, il faisait toujours un grand sourire et disait sur un ton mi affirmatif mi interrogatif un simple "Allez, au revoir!" très court et fermait la porte avant de s'en aller discrètement. Il ne voulait jamais rester à dîner avec nous. Des Deux-chevaux à peu près identique transportaient Denise Guitar l'assistante sociale et aussi Hélène Déquippe de la Houssaie qui nous apportait chaque semaine le bulletin paroissial avec l'heure des messes, la liste des décès des baptêmes ou encore des mariages. elle a toujours gardé cette même deudeuche et s'en servait encore il y a peu.
Le facteur et la boulangère Marie Hardou que tout le monde avait depuis longtemps surnommée "Marie pouêt-pouêt" avaient aussi tous les deux des Deux-chevaux, mais des camionnettes. Le facteur (qui n'était pas toujours le même car ça tournait déjà à la poste en ces temps là) apportait le courrier jusqu'à la maison. Il y avait eu un facteur dont j'ai oublié le nom qui aimait bien apporter les lettres d'amour des uns ou des autres et ironisait légèrement lorsque la lettre en question avait une odeur parfumée ou un petit cœur dessiné au dos... Il tirait un sourire éblouissant laissant voir de grandes dents toutes jaunies et cariées mais on l'aimait bien quand même vu qu'il était le préposé au courrier du cœur.
La boulangère klaxonnait devant chaque maison annonçant son arrivée pour la maison suivante (d'ou son surnom), Il ne fallait pas la faire attendre car sa tournée était longue, elle vendait des pains de trois livres et même parfois des pains de six livres, et pour compenser le fait que les pains ne pesaient pas le poids requis, elle ajoutait la "pesée", ce petit morceau de pain supplémentaire parfois rassis en plus ou moins grande quantité selon l'humeur du jour ou l'assiduité de la clientèle. Elle encaissait la monnaie qu'elle mettait dans un sac a main en cuir fermé par deux petits crochets en laiton à boule qui s'accrochaient l'un à l'autre en forçant entre le pouce et l'index. Bien avant elle le boulanger n'encaissait pas de monnaie dans les fermes, il faisait seulement une ou plusieurs encoches sur une baguette de bois avec son couteau équivalent à la quantité de pain livrée en contrepartie de la quantité de blé fourni lors de la récolte.
Pierre Paillusson de St Louis faisait aussi la tournée des villages avec sa camionnette Renault puis ensuite avec son Citroën HY. Il avait toujours le crayon de bois sur l'oreille et s'en servait pour faire l'addition des achats que nous faisions, bananes, légumes ou autres chocolat sucre ou farine. Il avait toujours un mégot de gitane maïs au coin de la bouche qui d'ailleurs était pratiquement toujours éteint. De ce fait il parlait en marmonnant des mots souvent incompréhensibles, Il était toujours vêtu de sa grande blouse grise et pour aider les clients à ne rien oublier énumérait à peu près tous les produits qu'il avait en stock, allumettes, lessive, bougies, savon etc... Il passait une ou deux fois par semaine.

Un autre commerçant ne venait qu'une fois par saison, il vendait de l'habillement et du prêt a porter, le camion à Guerrier de Teillé se garait avec sa grande remorque à l'ombre du grand chêne au bord de la route, entre chez nous et chez Courant, ouvrait les côtés comme sur un marché, étalait toute la marchandise jusque par terre sur des couvertures et tous les gens des villages aux alentours venaient pendant quelques heures renouveler leur garde-robe et voir les nouveautés vestimentaires de la mode de l'époque. C'était surtout des vêtements ou des tissus tout comme les frères Dugué de Teillé (Yves et François) qui étaient tailleurs et donc fabriquaient les costumes pour les grandes occasions. Ces gens là étaient toujours bien habillés, très polis et accueillants. Papa les connaissait depuis toujours, ayant fréquenté la même école quand ils étaient petits. Ils effectuaient toujours une livraison à domicile et faisaient en même temps les retouches qui s'imposaient. C'est vrai que dans ces temps là, un costume ou un manteau étaient des achats importants qui ne se renouvelaient pas très souvent.

Parmi les marchands ambulants, il y avait les marchands de peaux de lapins, ou de ferraille. Plus ou moins romanichels, ceux là ne vendaient rien, ils achetaient à tout petit prix les plumes de canard ou les peaux de lapins que nous faisions sécher sur une tige de bois recourbée (qui faisait ressort pour bien tendre la peau). C'est vrai que chez nous il y en avait souvent, le lapin était très populaire et était souvent dans nos assiettes.

Ces gens là achetaient aussi les vieux meubles ou horloges anciennes et n'hésitaient pas parfois à échanger des chaises modernes en formica contre d'anciennes chaises dépaillées. Ce n'était surement pas une très bonne affaire pour les clients que nous étions mais ça mettait du renouveau dans la maison. Il fallait se méfier d'eux, car ils étaient un peu sans scrupule et auraient bien pris tout ce qui trainait dans la cour de la ferme.
Je me souviens d'un certain Mr Nicolas qui voyageait avec sa 404 camionnette, il penchait toujours la tête et ne parlait pas beaucoup. Les prix annoncés pour les peaux de lapins étaient souvent seulement de quelques centimes, il fallait discuter à chaque fois pour obtenir un prix si peu raisonnable... Si ça ne gagne pas, ça débarrasse disait-on!

Un autre voyageait avec son ami6 break, l'inséminateur Mr Legendre, celui là était prévenu par un petit bout de papier griffonné à la va-vite par papa sur lequel était écrit par exemple "Riquette en chaleur de ce matin" déposé par nous mêmes dans sa boite aux lettre en allant a l'école. Le message était déchiffré sans problème par l'intéressé habitué qui venait en général le lendemain, ouvrait son coffre et demandait quel taureau nous allions choisir. Il sortait de l'azote liquide la paillette choisie et la faisait décongeler avant de se rendre à l'écurie pour y inséminer la vache qui était restée seule en attendant son passage...

Dans le même genre, il y avait le vétérinaire qui était appelé rarement chez nous ou alors quand une bête était à l'agonie. Il arrivait avec sa grosse voiture, était souvent énervé et pas très aimable vu que nous n'étions pas de très bons clients. Papa préférait plutôt le hongreur en l'occurrence le père Gasnier qui était aussi moitié vétérinaire et surtout qui était beaucoup moins cher pour ses interventions. C'est lui qui fournissait le fameux "anticrapaud" qui sentait si mauvais et qui servait pour guérir les pattes des vaches. De plus ce Monsieur savait aussi tuer les veaux ce qui arrivait parfois chez nous vu que nous avion un congélateur immense et qu'il fallait bien le remplir de temps en temps. Nous n'aimions pas ce spectacle mais c'était nécessaire pour nourrir toute la maisonnée que nous étions.
Dans la même série, il y avait aussi les marchands de vaches, tous plus bonimenteurs les uns que les autres, il faisaient toujours croire que les cours avaient baissés ou que la bête n'était pas assez ou trop grasse, que ça se vendait mal en ce moment et ainsi de suite pour réussir à obtenir un prix moindre. Papa ne s'en laissait pas conter et souvent les faisait revenir plusieurs fois et arrivait souvent à obtenir une réévaluation de la transaction. Pourtant, ils voulaient toujours donner l'impression d'être des pauvres commerçants pas riche pour un sou mais tout le monde savait que c'était le contraire. Parmi eux il y avait Gilbert Beaujard de Bonnoeuvre, c'était probablement le moins voleur de tous. Lorsqu'ils venaient prendre possession de leur acquisition, il fallait faire monter la bête dans le camion, ce n'était pas toujours facile et c'était souvent bien à regrets que nous voyions partir les bêtes qui avaient été nourries, soignées et bichonnées par nos soins.

Un autre visiteur, journalier celui là, était le laitier, le plus connu d'entre eux était Mr Barbier, qui reculait son camion jusqu'en haut dans la cour, un peu rustre parfois et pas toujours de bonne humeur, il soulevait les bidons de 20 litres en aluminium jusqu'en haut de son camion, sans ménagement, et avec beaucoup de facilité, il était très costaux, le nombre de litres mesuré pour le dernier bidon avec la jauge en bois était noté sur une ardoise, que le laitier devait recopier dans le carnet dédié à cet effet. Nous avions la consigne de bien vérifier qu'il ne notait pas un litre de moins que nous, à cet effet, nous devions ne pas trop remplir les bidons pour arrondir au chiffre supérieur. Il aimait bien la plaisanterie, il nous livrait le beurre par la même occasion, parfois cinq kilos d'un coup, c'est vrai que nous en consommions beaucoup, la cuisine n'était pas à l'huile d'olives...
Parfois il avait tendance à laisser un peu le lait tourner en plein soleil pendant qu'il état à la cave mais il fallait bien boire un coup de temps en temps, ce métier là était très physique.

Il y avait aussi le livreur de farine, pendant un temps Arsène Hardou, (le frère de Roger le boulanger) qui faisait tourner son moulin dans la petite Ile située entre deux bras de l'Erdre à la Benate. Ce moulin qui avait été autrefois entrainé par l'eau de la rivière tournait à l'électricité grâce à de gros moteurs qui entrainaient de grosses poulies et courroies qui montaient d'un étage à l'autre dans un bruit assourdissant. Il venait donc livrer de la farine pour les vaches (en échange de blé fourni lors de la moisson lui aussi). Les sacs étaient acheminés au grenier un par un patiemment en attendant d'être consommés.
Encore un, le livreur d'engrais et de tourteaux, le père Gauthier qui avait un gros camion Saviem. C'est de chez lui que venaient les scories potassiques et l'ammonitrate 33 qui servaient au printemps pour redonner de la couleur aux prés. Il avait son entrepôt juste en face de l'ancienne gendarmerie, ce bâtiment qui est devenu l'entrepot des cantonniers par la suite.

Pour finir, il y avait les visiteurs du Dimanche, la famille d'abord qui se résumait à une seule famille du fait que notre maman n'avait qu'une seule soeur qui était religieuse. Nos seuls cousins et cousines étaient les Grelier, (Marie était la soeur du père Jean) , ils venaient aussi régulièrement chez nous que nous allions chez eux à la Sionnière de Teillé, je me souviens qu'ils avaient pendant un temps une superbe renault 6. Ils venaient régulièrement manger avec nous le dimanche.
Il y avait aussi une fois par an le repas de anciens marguillers, c'était une tradition dans les campagnes, si les confrères s'entendaient bien, (désignés par le curé, ils portaient la croix et la bannière aux offices religieux pendant une année) ils organisaient ensuite un repas chacun leur tour et une fois par an. Ce qui était le cas chez nous, Pierre Rigaud et sa femme, Joseph Paillusson et Elise le troisième était Raphaël Péhu et Jeannette. C'était l'occasion de discuter de tous les "potains" de la contrée et aussi d'entretenir l'amitié.
En ces temps là, les visites ne manquaient pas, et il y avait toujours les voisins proches et aussi tous les enfants sur qui on pouvait compter au moindre problème.

Michel

Adresse

La Grézerie
Riaillé
44440

Site Web

Notifications

Soyez le premier à savoir et laissez-nous vous envoyer un courriel lorsque Souvenirs d'enfance à Riaillé 44 publie des nouvelles et des promotions. Votre adresse e-mail ne sera pas utilisée à d'autres fins, et vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Contacter L'entreprise

Envoyer un message à Souvenirs d'enfance à Riaillé 44:

Partager