03/02/2025
le monde
Discours commun prononcés ce jour par les présidents des fédérations départementales en ce moment :
Chaque année, ce sont des milliards d’euros qui passent des caisses de l’État aux poches des trafiquants. Pendant ce temps, nos buralistes, ces commerçants de proximité qui font partie de l’ADN de notre pays, paient le prix fort. Nous sommes aujourd’hui face à une situation critique, une véritable urgence nationale.
Nous sommes face à un paradoxe flagrant, un système à revoir. Le gouvernement affiche une volonté louable : réduire la consommation de tabac en augmentant les prix. Mais cette stratégie, isolée et déconnectée de la réalité du terrain, produit un effet inverse. Les hausses de prix ne diminuent pas la consommation globale. Elles déplacent simplement les consommateurs vers le marché illégal, où le tabac est vendu en tous lieux à des prix bien inférieurs, sans aucun contrôle ni taxation.
Le chiffre est effarant : près de 40 % du tabac consommé en France provient du marché parallèle en 2023, contre 23 % en 2019. À ce rythme, nous atteindrons 50 % à la fin de l’année.
C’est la moitié de la consommation qui échappe à l’État, à la loi, et à nos buralistes.
Notre constat est alarmant, les conséquences sont désastreuses
Les trafics de tabac gangrènent notre société. Ils prospèrent dans nos rues, sur les réseaux sociaux, jusque dans nos quartiers. Les ventes à la sauvette se multiplient, et les contrôles aux frontières semblent dépassés. Ces trafics alimentent des réseaux criminels qui fragilisent notre tissu social et notre sécurité.
Et les conséquences sont catastrophiques
Pour l’État, qui perd des milliards d’euros de recettes fiscales chaque année.
Pour la société, où les réseaux mafieux prospèrent et la loi perd du terrain.
Pour nos buralistes, qui subissent une chute de leurs ventes : -11,5 % en volume en 2024.
Le plus inquiétant, c’est que les Français continuent de fumer autant.
Un tiers des fumeurs réguliers n’ont même pas mis les pieds chez un buraliste au cours de la dernière année.
Pourquoi ? Parce que le marché illégal rend le tabac accessible partout, moins cher, près de chez soi. Ce sont aussi nos jeunes qui en payent le prix, car ce tabac illicite échappe à tout contrôle.
Protéger nos buralistes, c’est protéger la société
Les buralistes ne sont pas de simples commerçants. Ils sont un maillon clé de notre société. Ils assurent un contrôle sur la vente de tabac, contribuent activement à la collecte des taxes publiques, et jouent un rôle crucial dans nos villes et villages. Dans de nombreuses zones rurales ou quartiers, ils sont parfois le dernier commerce de proximité, créant du lien social et renforçant la cohésion locale.
Protéger nos buralistes, c’est défendre un réseau essentiel à la santé publique, à l’économie locale et à l’État de droit. C’est préserver un modèle où la loi, et non les trafiquants, fixe les règles.
Nous lançons un appel à l’action immédiate
Nous demandons que l’État agisse, et qu’il agisse vite. Il ne s'agit plus de constater la gravité de la situation, mais de passer à l'offensive.
1. Nous avons besoin d’une réponse coordonnée et déterminée de l’Etat :
o Nous appelons les pouvoirs publics à mettre en place un plan national d’urgence contre les trafics de tabac, mobilisant les ministères des Comptes publics, de la Santé, de l’Intérieur et de la Justice.
o Nous demandons le lancement d’initiatives multiples comme les plans "Colbert" ou des "opérations places nettes", s’appuyant sur une véritable coordination entre les services douaniers, policiers et judiciaires.
2. Nous devons renforcer les moyens de la lutte contre le marché parallèle :
o Les réseaux mafieux prospèrent. Le combat contre le trafic de tabac doit devenir une priorité nationale, au même titre que la lutte contre le narco-trafic.
o Nous demandons le renforcement des moyens des forces de l’ordre pour démanteler ces filières.
o Nos buralistes, présents chaque jour sur le terrain, nous alertent via notre numéro vert, de la présence de ces ventes à la sauvette. Ces informations peuvent être précieuses pour bien agir au niveau des forces de l’ordre.
3. Le grand public doit être informé et sensibilisé :
o Nous demandons la mise en place d’une campagne de communication nationale pour sensibiliser et alerter le grand public sur les dangers liés à la consommation de tabac de contrebande et de contrefaçon : ses impacts sur la santé, son financement des réseaux criminels, et ses conséquences pour l’économie légale.
4. Nous nous devons de protéger les buralistes :
o Il est nécessaire de maintenir des dispositifs spécifiques pour accompagner les buralistes dans cette période critique.
Nous le disons clairement : la peur doit changer de camp !
Nous ne pouvons pas laisser les mafias prospérer aux dépens de nos commerçants, de notre économie et de la santé publique. Les buralistes, eux, disent non à cette banalisation rampante. Les buralistes refusent de voir leurs commerces devenir des vitrines désertées, et ils ne resteront pas les spectateurs impuissants de leur propre disparition.
La peur doit changer de camp. Ce ne sont pas les buralistes qui doivent vivre sous la menace, mais bien les trafiquants. L’État doit reprendre le contrôle, restaurer l’État de droit et protéger ses citoyens.
Un sursaut est nécessaire
Mesdames et Messieurs, nous sommes à la croisée des chemins. Si nous restons passifs, nous risquons de voir disparaître un réseau de proximité qui fait partie de l’ADN de notre pays. Nous risquons de céder encore plus de terrain aux réseaux mafieux, au détriment de l’État de droit.
Agissons maintenant. Défendons nos buralistes, combattons l’illégalité, et montrons que l’État est capable de protéger ses citoyens. Ensemble, élus, forces de l’ordre, citoyens, nous pouvons inverser la tendance et bâtir un avenir où la justice triomphe sur le chaos.
Je vous remercie.